La conférence de professeur Josko BELAMARIC
LA ROUTE DE MARMONT SUR LA MONTAGNE DE BIOKOVO / ROUTES FRANÇAISES EN DALMATIE
Avec l’administration française (1806-1813) commencent les temps modernes en Dalmatie.
À titre d’exemple, le gouvernement français y a proclamé l’égalité des citoyens, supprimé les privilèges seigneuriaux, aboli les lois vénitiennes sur la propriété étatique des terres, réorganisé l’éducation et la santé, introduit un service postal permanent, encouragé fortement l’agriculture, l’artisanat et le commerce, instauré la mise en place des foires hebdomadaires et, finalement, lancé le boisement des zones karstiques. En outre, pour la première fois, dès 1806, apparaissent les journaux en langue croate.
Durant leur règne de courte durée, les Français ont également construit une route dans le sens longitudinal du littoral, traversant la Dalmatie - d’Obrovac aux Bouches de Kotor - afin de conserver le territoire conquis, faciliter le déplacement des troupes et stimuler le commerce. Ainsi, 500 km de routes blanches (routes macadam) ont été construites, dont la route de Dubrovnik, presque complétement terminée.
Fascinés par cette rapidité, cette vivacité d’entreprise et ce système d’organisation des travaux, les habitants de Zagora, l’arrière-pays dalmate, ont continué à en parler dans les décennies à venir. La légende dit que lors de sa visite en Dalmatie en 1818, l’empereur d'Autriche, François 1er, ayant vu les routes construites, aurait dit à Metternich, son chancelier, qu’il était regrettable que le maréchal Marmont ne soit pas resté en Dalmatie quelques années de plus. (À remarquer que l’auteur de cet anecdote est le maréchal Marmont lui-même).
Bien évidemment, les plans de construction d’origine étaient plus ambitieux que les circonstances ne le permettaient. Pourtant, même dans de telles conditions, beaucoup a été fait. Auguste Frédéric Louis Viesse de Marmont (1774 – 1852) est le personnage principal dans l’histoire des routes françaises en Dalmatie. Tellement important que de nombreux monuments à son effigie ont été érigés de partout en Dalmatie, y compris à Makarska, au pied de Biokovo.
Pour conclure, nous pouvons dire que l’histoire du long XIXe siècle et d’une bonne partie du XXe siècle ne peut être imaginée aujourd’hui sans la prospérité apportée par la construction de la route française dans l’arrière-pays de la montagne dalmate de Biokovo.
Joško (Josip) Belamarić est titulaire d’un diplôme en histoire de l’art et en musicologie de l’Université de Zagreb, où il a ensuite obtenu un master puis le doctorat. Il a travaillé dans le secteur de la protection des monuments culturels, et entre 1991 et 2009, il a dirigé l’Institut régional de la protection des monuments culturels à Split. Depuis 2010, il travaille à l’Institut de l’histoire de l’art, en tant que Responsable du nouveau centre « Cvito Fisković ».
Il est professeur titulaire du département de l’histoire de l’art de l’Université des Sciences Humaines et Sociales à Split.