Soirée hommage à Dominik Škunca

Une des plus belles soirées culturelles de cette année a eu lieu le 27 mai 2015 dans la salle d’apparat de l’Ambassade croate.

La soirée a été consacrée à l’artiste croate Dominik Škunca (1939, Croatie - 2011, Paris). Malheureusement, rares étaient ceux qui avaient entendu parler de cet artiste polyvalent, né à Novalja sur l’île de Pag en Croatie. Škunca est arrivé à Paris où plus tard il deviendra architecte diplômé d’Etat. En parallèle, et dès son plus jeune âge, il s’intéresse à l’art et l’art va l’accompagner tout au long de sa vie.

Le but de la soirée était son deuxième livre L’être et le trait (auteurs : Ive Šimat Banov et Margarita Svestarov Šimat, Matica Hrvatska, 2014), présenté déjà auparavant à Zagreb et à Split. La réalisation de ce livre à peine commencé, a été confiée à l’épouse française de l’artiste que s’était engagée à faire tout ce qui serait en son pouvoir pour le faire publier et en faire une promotion digne de ce nom.

Le livre a été présenté d’une manière très originale et émotive. Mme Škunca et Monsieur Jean-Marie Lanquetin, un de leurs amis fidèles de longue date, ont parlé, sous forme de dialogue, des phases principales de l’œuvre de l’artiste en les illustrant au travers d’un slideshow. Ce côté inhabituel a donné à la soirée une touche théâtrale avec en plus l’utilisation d’un enregistrement audio où l’on entendait la voix de Dominik parlant lui-même de ses œuvres.

Dominik Škunca était un artiste polyvalent. Dans sa jeunesse il faisait de la peinture à l’huile, puis il a commencé à exécuter des bas-reliefs et des sculptures figuratives représentant des corps humains particulièrement beaux et élancés, surtout ceux des femmes. Elles nous font un peu penser à Giacometti tout en étant beaucoup plus gracieuses. Plus tard, au milieu de sa vie, Škunca va étudier l’art médiéval des icônes en travaillant avec un maître croate. Ainsi, il va apprendre à utiliser les feuilles d’or pour couvrir les supports de ses icones. Et bien qu’elles soient incontestablement des œuvres contemporaines, une fois devant elles, on ne peut s’empêcher de penser qu’on se trouve devant les icônes d’un autre temps, comme si on était plongé dans le silence d’une chapelle de monastère.

Ensuite, après la période des icônes, l’intérêt de l’artiste se tourne vers les gravures qu’il va faire dans le fameux atelier Hayter, et puis vers les enluminures, puis les calligrames.

Je ne peux pas m’empêcher de terminer ce récit avec une constatation triste: il n’y avait qu’une cinquantaine de personnes présentes à la soirée littéraire. Malgré le personnel de l’Ambassade et à peine quelques Croates, la grande majorité était des Français. Est-il possible que l’histoire se répète, que de nouveau nous ne reconnaissions pas ce qui est beau et de qualité ? Travirka, un grand critique artistique croate, auteur de la première monographie de Dominik, disait qu’il n’y avait pas d’artistes comme Škunca en Croatie en ce qui concernait ses dessins spontanés. Pour lui, Škunca était un véritable génie. Malheureusement, Škunca, de par sa nature, était un homme discret qui a vécu sa vie calmement, sans scoops médiatiques et d’une certaine façon il est resté assez peu connu jusqu’à ce jour bien qu’il y ait eu plusieurs de ses expositions à Versailles, Paris et aussi à l’étranger.

Nous nous adressons donc à tous les Croates qui vivent ici et les invitons à venir à ces soirées culturelles dans l’avenir. Parfois, derrière un nom qui ne nous parle pas, se trouve une perle rare et en espace d’une seule soirée, notre vie et enrichie et anoblie.

Maja Cioni